TONY GARNIER, RETOUR AUX SOURCES - 5
V. La Grande Halle, « vaisseau urbain » inégalé
Construite en 1906-1914 dans le cadre du « grand projet » des abattoirs de la Ville de Lyon, la halle Tony Garnier a connu une histoire mouvementée avant de devenir une grande salle de concert telle qu’on la connaît aujourd’hui : lieu d’accueil de l’exposition universelle voulue par le maire Édouard Herriot, La Cité Moderne, puis usine d’armement pendant la Première Guerre mondiale, elle n’a connu son destin de bâtiment d’accueil et de tri des bestiaux que pendant une période assez courte, entre 1928 et 1977, lorsque les abattoirs sont transférés à Corbas, au sud-est de Lyon.
D’une superficie de près de 17 000 m2, cette vaste halle constitue un exemple frappant d’architecture industrielle inspirée par les méthodes employées jusqu’alors pour les usines ou les ateliers des fabriques. Sa charpente métallique, pensée par l’ingénieur Eugène Bertrand de Fontviolant mais inspirée par l’éphémère Galerie des Machines de l’exposition universelle de Paris en 1889, est une véritable prouesse technique : la structure, d’un seul tenant, repose sur des blocs de béton coulés sur place, sans aucun poteau intérieur. La hauteur au faîtage (le point le plus haut) atteint 23 mètres tandis que la portée des fermes métalliques va au-delà de 85 mètres. Aujourd’hui encore, la halle qui porte désormais le nom de son créateur étonne le visiteur par l’exceptionnalité du volume et la qualité de cette architecture industrielle. Un véritable « vaisseau urbain » jusqu’ici inégalé…
La Grande halle de l’ancien marché aux bestiaux des abattoirs de La Mouche, telle qu’elle apparaissait encore à la fin des années 1970 - Photo Creatrive Commons, tous droits réservés.